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Quelle est la théorie de l'effondrement de la population de l'île de Pâques ?

Guy Perrin
Guy Perrin
2025-08-06 09:05:08
Nombre de réponses : 8
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Un nouvel article publié dans la revue scientifique Nature ce mercredi 11 septembre en apporte une nouvelle preuve. On sait que Rapa Nui a été peuplée autour de 1200. Nous avons donc simulé par ordinateur comment la diversité génétique de ses habitants aurait évolué si la population s’était développée avant de s’effondrer. Clairement, nos résultats ne sont pas compatibles avec ce scénario, détaille la chercheuse. Si la population de l’île s’était effondrée à un moment, alors nos quinze individus auraient un grand nombre d’ancêtres génétiques communs, relativement récents. Mais ce n’est pas ce qu’on observe, complète-t-elle. Concrètement, si le nombre d’habitants avait diminué drastiquement au XVIIe siècle, alors les descendants seraient tous plus ou moins cousins. La diversité génétique des quinze échantillons ne plaide donc pas pour un tel scénario. Nos résultats ne donnent pas la taille de la population à un instant donné. Par contre, ils ne sont pas compatibles avec l’idée d’une chute subite du nombre d’habitants. Un tel événement diminuerait aussi la diversité génétique au sein d’une population, avance Anna-Sapfo Malaspinas. La chute du nombre de Rapa Nuis est bien arrivée, mais plus tard, aux XVIIIe et XIXe siècles, lors de la rencontre avec les Occidentaux et leur lot de maladies et d’esclavagisme.
Nicolas Da Costa
Nicolas Da Costa
2025-07-26 01:22:41
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Une hypothèse se répand : la surexploitation des ressources naturelles, notamment au travers de la déforestation aurait provoqué une effondrement démographique. Les populations Rapa Nui ont-elles fortement diminué avant l'arrivée des Européens? Aucune preuve d'effondrement démographique avant l'arrivée des Européens n'est mis en évidence. Attestant qu'aucune trace génétique ne confirme cette théorie d'un effondrement démographique, une étude récente avance au contraire que les Rapa Nui se seraient adaptés à des changements environnementaux. Quelle est l'origine de cette théorie de l'effondrement et comment interpréter ces résultats?
Matthieu Michaud
Matthieu Michaud
2025-07-19 13:17:25
Nombre de réponses : 4
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Une hypothèse répandue, basée notamment sur des données paléoenvironnementales, avançait que les Rapanui, le nom des habitants originels, auraient déforesté l'île, dont il est établi qu'elle était autrefois couverte de palmiers, pour maintenir une culture florissante et une population d'environ 15'000 individus à son apogée. Toujours selon cette hypothèse, la raréfaction des ressources aurait conduit à une période de famine et de guerre allant jusqu'au cannibalisme et se serait soldée par un effondrement démographique et culturel, mettant fin à la sculpture des statues au début du 17e siècle. Personnellement, je pense que l'idée de l'écocide a été élaborée dans le cadre d'un récit colonial Il s'agit de l'idée que ces peuples soi-disant primitifs ne pouvaient pas gérer leur culture ou leurs ressources, et que cela les a presque détruits. L'histoire des Rapanui a été présentée comme un avertissement contre la surexploitation des ressources par l'humanité. Or, la population de l'île de Pâques, dans le Pacifique Sud, ne s'est pas effondrée au 17e siècle après un "suicide environnemental" causé par l'Homme et suite à une surexploitation des ressources.
Alexandre Morel
Alexandre Morel
2025-07-12 20:34:10
Nombre de réponses : 6
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Pour nombre de spécialistes, cette société océanienne préhistorique arrivée dans l’île vers 800 ou 1200 de notre ère, se serait "effondrée" - c’est-à-dire brutalement écroulée - à la fin du 17e siècle. Autrement dit juste avant l’arrivée des premiers Européens. En cause : une croissance démographique incontrôlée, un environnement devenu trop fragile en raison de la mauvaise gestion des terres, la présence du rat polynésien, les conflits, l’obsession de la construction de moaï… ou la combinaison de tous ces facteurs à la fois! Le meilleur exemple d’une société qui se détruit par la surexploitation de ses propres ressources, selon les mots de Jared Diamond. Ce concept d’effondrement est une caractérisation erronée concernant la population préhistorique de l’Île de Pâques, explique le premier que nous avons joint aux États-Unis. Notre travail a été de montrer que même dans de petites îles, il existe des écosystèmes complexes, de petites variations du climat ou de la fertilité des sols qui ont pu avoir des incidences sur la mise en œuvre de stratégies agricoles en fonction des régions. La démarche de cette nouvelle étude est doublement intéressante. Par son utilisation des dates de fabrication des outils d’obsidienne pour juger de l’intensité d’utilisation d’un milieu et des dynamiques d’abandon, autant que par celle des zones plus fertiles pendant les périodes climatiques moins favorables, elle relativise l’hypothèse opportuniste de l’effondrement des civilisations explique-t-il.
Noël Joubert
Noël Joubert
2025-07-04 20:57:51
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Selon cette théorie développée par Jared Diamond dans les années 2000, les premiers habitants de l’île auraient causé leur propre perte en détruisant l’écosystème de l’île. Pour le géographe, une vaste entreprise de déforestation aurait conduit les premiers insulaires à abattre massivement les palmiers de l’île pour créer des jardins, récolter du bois de chauffe et s’en servir pour ériger les 887 statues moaïs qui peuplent l’île. L’écocide aurait eu des conséquences catastrophiques sur les ressources de l’île et la productivité agricole : privés de ressources alimentaires, les habitants se seraient alors déchirés dans des guerres de clans conduisant à une extinction de leur civilisation. Le récit de l’écocide aujourd’hui contesté, repose sur les suppositions des Européens arrivés au XVIIIe siècle pour coloniser l’île. Les colons, découvrant les statues gigantesques de la taille d’un petit immeuble, ont supposé que seule une population de plusieurs dizaines de milliers de personnes pouvait avoir édifié de telles statues. Une autre théorie importante avance l’hypothèse de l’introduction de maladies amenées par les Européens : les insulaires, non immunisés contre les infections auraient été décimés. Ainsi, contrairement au récit de l’écocide, la population présente à l'arrivée des Européens n'était pas les derniers vestiges de la société de l’île de Pâques, mais probablement la société à son apogée, vivant à des niveaux soutenables sur l’île, explique Dylan Davis, chercheur postdoctoral à la Climate School de l'université de Columbia et coauteur de l’étude. Malgré les éléments scientifiques apportés par la nouvelle étude qui remet en cause le récit de l’écocide, la disparition des populations de l’île de Pâques reste un point d’interrogation.