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Pourquoi dit-on "en Arles

Honoré Vidal
Honoré Vidal
2025-07-25 03:38:41
Nombre de réponses : 5
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Historiquement, au IX° siècle, Arles était un Royaume. Du Moyen Age jusqu’en 1483, vous pouviez donc dire correctement « en Arles ». 1483, cette date marque le rattachement de la ville d’Arles au royaume de France. Depuis, Arles n’est donc plus un lieu vaste, mais donc bien une ville. En fait, la préposition « en » est utilisée pour désigner un lieu, une vaste région. Pour vous donner un exemple, on peut dire « en Camargue ». La Camargue est constituée par le rassemblement de plusieurs villes telles que les Saintes Maries de la Mer, Arles, Aigues Mortes, etc… Mais lorsque vous allez dans la ville, comme dans la ville d’Arles, nous allons donc à Arles. En Provençal, vous dîtes « vau en Arles ». Pour éviter le hiatus et rendre plus agréable et en harmonie la combinaison des sons, il fallait mettre « en » entre les deux voyelles. La traduction directe du Provençal, qui induit donc l’ambiguïté, est donc : Je vais en Arles. Mais aujourd’hui, Arles n’est ni une vaste région ni même plus un royaume. Arles est la plus grande commune de France, mais rattachée directement à la France. Ce principe de grandeur de la commune d’Arles induit beaucoup le mélange des prépositions. Mais Arles reste donc bien une ville. En Camargue aujourd’hui, on acceptera que vous disiez les deux. On comprendra donc si vous dîtes « je vais en Arles » le fait que vous n’allez pas directement dans la ville mais dans une des communes du territoire de cette grande ville. A contrario, si vous dîtes « je vais à Arles », vous désignerez donc votre déplacement direct dans la ville.
Charles Gaudin
Charles Gaudin
2025-07-15 02:27:59
Nombre de réponses : 4
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Etrangement, on entend parfois dire « en Arles » et « en Avignon », plutôt que « à Arles » ou « à Avignon ». Au Moyen Âge, la locution "en Avignon" désignait l’état pontifical d’Avignon, et on disait "en Arles" car ce fut un royaume ! C’est ce qu’on appelle un "archaïsme", mais l’Académie française ne l’a jamais condamné. C'est donc une question de choix : "en Avignon" est archaïque, "à Avignon" est davantage adapté à notre époque.
Roland Leveque
Roland Leveque
2025-07-15 01:45:36
Nombre de réponses : 8
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Durant l'ère médiévale, et ce, jusqu'au XVIIe siècle, la règle de français ne fait pas débat. On emploie la préposition «en» devant un nom de ville. C'est ainsi que l'on peut lire la formule «en Sarraguce» (actuelle Saragosse) dans La Chanson de Roland au XIe siècle, «J'écrivis en Argos pour hâter ce voyage» sous la plume de Racine ou encore «Vous serez marié, si l'on veut, en Turquie... Je serai marié, si l'on veut, en Alger» dans Le Menteur de Pierre Corneille au XVIIe siècle. La locution «en Alger» signifiant ici «en Algérie». On le comprend, la préposition «en» peut tout aussi bien s'utiliser devant une cité que devant un nom de province. Il n'y avait donc rien d'anormal ou d'original à employer la formulation «en Avignon». Rappelons-nous en effet que la papauté gouverna la ville jusqu'à la Révolution. Jusqu'au 12 juin 1790, date à laquelle Avignon fut annexée à la France, on pouvait ainsi aller «en Avignon» comme on pouvait se rendre «en Bretagne», indique Le Petit Robert des noms propres. Une expression vieille et provençale «Argos étant un nom de ville, il faut dire “à Argos“. On dirait j'écrivis “à Maroc“, et non “en Maroc“, note M. Fontanier avant d'ajouter, autrefois on mettait «en» devant les noms de villes qui commencent par une voyelle.» C'est ainsi que l'on disait «en Avignon, en Orléans». Mais, continue l'auteur, «“en“ depuis longtemps, ne va plus qu'avec des noms de grands pays, en Angleterre, en Italie.» Autre temps, autres mœurs... Le Trésor de la langue française, par exemple, ne condamne pas la construction. Le thésaurus se contente de la rappeler que la préposition «en» devant les noms de villes est «vieille» ou «provençale». On la retrouve par exemple chez Alphonse Daudet, André Gide ou bien encore Albert Camus. Il est tout à fait possible de faire chanter le passé littéraire et le particularisme de nos régions sous l'expression. Toutefois si l'on se veut exact, on évitera selon le bon usage d'employer ladite expression hors d'âge. Le Trésor de la langue française, par exemple, ne condamne pas la construction. Le thésaurus se contente de la rappeler que la préposition «en» devant les noms de villes est «vieille» ou «provençale». Il est tout à fait possible de faire chanter le passé littéraire et le particularisme de nos régions sous l'expression.
Denise Lefort
Denise Lefort
2025-07-15 01:38:36
Nombre de réponses : 10
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La langue occitane et provençale n’aime pas trop quand deux voyelles se côtoient. Exemple, à Avignon, à Arles. Et en provençal, on peut écrire "en" avec "a" et "n", cela explique pourquoi à l’oral, on a longtemps entendu en Avignon. C’était plus joli. Frédéric Mistral a écrit souvent aussi en Avignoun. La préposition « en » devant Avignon surprend aujourd’hui. Héritage du statut pontifical et influence du provençal, cet usage ancien persiste dans la région et fait partie du charme linguistique du Vaucluse. Dire "en Avignon" c’est donc un archaïsme? C’est aussi un régionalisme.
Nathalie Moulin
Nathalie Moulin
2025-07-14 23:52:27
Nombre de réponses : 9
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On me pose très souvent la question de savoir si je me suis trompé en disant à Arles. Seule autre exception « en Arles », puisque Arles fut royaume au IXe s. L’usage a voulu que l’on tolère de nos jours encore les expressions « en Arles » ou « en Avignon » pour désigner la région autour de la ville, le « pays » formé par les environs, sans limites administratives bien établies. En effet la préposition « en » désigne le lieu, « dans », comme être « en Afrique ». Or, il faut savoir que depuis le XIVe s. le territoire d’Avignon, couvrant plusieurs communes actuelles, constituait un état à part entière appartenant au Saint Siège et gouverné par un vice-légat jusqu’en 1791. On résidait donc « en Avignon », comme on pouvait résider « en Languedoc » ou « en Provence » etc. Mais on n’a jamais habité « en Angers » mais « à Angers » et « en Anjou ».
Benjamin Verdier
Benjamin Verdier
2025-07-14 21:37:02
Nombre de réponses : 5
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Cependant, la principale raison vient de l'emploi assez répandu autrefois de l'emploi du en devant le nom d'une ville. Comme les Italiens disent in Roma, in Venezia, in Firenze, in Milano, nos Anciens disoient sans doute, en Paris, en Rouen, en Bourdeaux, en Thoulouse. Ils dirent ensuite à, à la Françoise : à Paris, à Rouen, à Bourdeaux, à Thoulouse : à la reserve des Villes dont le nom commançoit par une voyelle ; devant lesquelles, pour éviter le baaillement des deux voyelles, on continua de dire en. En Anvers, en Arles, en Avignon, en Orléans, en Angers, en Alençon. Mais enfin on a dit par tout à, tant devant les noms de Villes qui commencent par une consone, que devant ceux qui commencent par une voyelle : à la reserve néanmoins d'Avignon & d'Arles : car on dit encore en Arles, en Avignon. L'influence du provençal est aussi déterminante. On dit en Avignoun, en Arle. Frédéric Mistral, dans Lou Tresor dóu Felibrige écrit : en, devant le nom des villes ne s'écrit que devant celles qui commencent par une voyelle, sauf l'usage : en Duranço, sur les bords de la Durance. A, devant une voyelle, prend un n euphonique pour empêcher l'élision ou l'hiatus : pico a-n-aquelo porto, frappe à cette porte ; vau à-n-Arle, à-n-Avignoun, je vais à Arles, à Avignon. On peut donc conserver ce particularisme régional qui fait le charme du pays d'Avignon ou d'Arles. Soyons heureux de vivre, de danser en Avignon! Ces particularismes font la richesse et la saveur du français de Provence.
Chantal Deschamps
Chantal Deschamps
2025-07-14 21:33:46
Nombre de réponses : 5
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La langue occitane et provençale n’aime pas trop quand deux voyelles se côtoient. Exemple, à Avignon, à Arles. Et en provençal, on peut écrire "en" avec "a" et "n", cela explique pourquoi à l’oral, on a longtemps entendu en Avignon. C’était plus joli. L’utilisation "en Avignon" est considérée comme vieille ou provençale donc… D’abord au Moyen-âge, la règle de français emploie la préposition "en" devant un nom de ville. Et puis le 9 juin 1348 lorsqu’Avignon devient propriété pontificale comme le Comtat Venaissin, ce n’est plus la France, on dit donc : "je vais en Avignon" comme si on disait : "je vais en Italie, en Espagne." Elle ne condamne pas, elle tolère et se contente de dire que le « en » est désormais réservé au pays plus qu'au ville. C’est aussi un régionalisme.
Joseph Faure
Joseph Faure
2025-07-14 21:07:10
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Jusqu’à la Révolution, on résidait donc en Avignon comme on pouvait résider en Provence. De même, « en Arles » se justifiait au temps où Arles n’était pas seulement une ville mais un royaume. Anciennement, « en Alger » signifiait « en Algérie », ou encore « sur le territoire de la colonie d’Alger », et « à Alger » désignait la ville même d’Alger. Autrement dit, « en » s’utilisait devant un nom d’empire, de province, d’État, etc. et « à » devant un nom de ville, de bourg, etc. Cette distinction vaut aussi pour Avignon ou encore Arles. À l’origine, la locution « en Avignon » désignait l’État pontifical d’Avignon qui fut rattaché à la France en 1791. Le phonème « a-n », utilisé en français local pour des raisons historique et linguistique, a sans doute influencé la langue nationale qui l’a confondu avec la préposition « en ». De plus le provençal, à l’instar du latin, distingue siéu (« je suis ») en Arle, en Avignoun (qui répond à la question ubi du latin) de vau (« je vais ») a(n) Arle, a(n) Avignoun (qui répond à la question quo du latin). Par conséquent, on dit an Avinhon, à-n-Avignoun, comme an Arle, à-n-Arle, mais aussi as Aiz, à-z-Ais (à Aix). On employait généralement la préposition « en » devant un nom de ville. La langue occitane ne tolère pas l’hiatus. Même la ville d’Avignon indique sur son site Internet qu’il convient d’utiliser la préposition « à » devant son nom! Nos auteurs classiques emploient aussi la préposition « en », car celle-ci permet d’éviter l’hiatus (proximité entre deux voyelles) : « J’écrivis en Argos » (Racine), « Irène se transporte […] en Épidaure » (La Bruyère). L’Académie française ne condamne pas les tournures « en Avignon » ou « en Arles », sous prétexte qu’elles sont « attestées chez les meilleurs auteurs ». Mais elle reconnaît leur caractère archaïque et régional. Fine observatrice de l’usage, elle précise que l’emploi de la préposition « en » devant les noms de ville est en régression, et ne saurait s’appliquer à d’autres villes comme Arras ou Amiens.