Annexes

PLAN

Les Mameluks - circa 850 - 1811

 
Les Mamelouks ( possédés) sont les membres d'une milice formée d'esclaves (affranchis) au service des califes musulmans.

Les premiers mamelouks forment au IX° la garde des califes abbassides à Bagdad. Ils sont d'abord recrutés parmi les captifs non musulmans en provenance du Turkestan actuel, d'Europe de l'Est (Géorgiens, Slaves, Grecs et Circassiens) ou de Russie méridionale (plaines du Kipchak). Au départ, la position n'est pas héréditaire. Certains mamelouks parviennent à des positions importantes de commandement. Ils sont ensuite au service de la dynastie ayyoubide.

Les Mamelouks en Égypte

La période du sultanat est très bien documentée grâce en particulier aux témoignages des historiens (Ibn Khaldoun, Ibn Taghri Birdî, datant du XV°, principalement sur la furusiyya et de Makrizi).

Mameluk - Peinture de 1810

Le système mamelouk, en réservant les plus hautes fonctions à des hommes nés esclaves, est très original. Propre à l’Islam, ce système perdure du IX° au XIX° et prend fin avec le massacre des chefs mamelouks par Mohamed Ali en 1811.

Les Mamelouks recrutent leurs futures élites parmi des enfants capturés dans des pays non musulmans, ce qui permet par exemple de contourner les règles interdisant aux musulmans de se faire la guerre entre eux. Ces enfants viennent notamment de territoires turcophones (plaine Kipchak, Caucase circassien) et sont sélectionnés sur des critères de capacité, d’absence de liens et de résistance.

Élevé loin de son pays d’origine, le futur Mamelouk reçoit une éducation religieuse et militaire (Furûsiyya notamment). Arrivé à l'âge adulte, le sultan ou l'émir (chef militaire) l'affranchit et lui fournit un équipement et une solde. Il conserve toute sa vie l'esprit de corps ou asabiyya qui caractérise les Mamelouks. Chaque Mamelouk, en effet, est lié à sa maison, c'est-à-dire à son chef et aux Mamelouks qui ont été formés en même temps que lui. On cite des cas où, le sultan étant mort, des Mamelouks refusent, par fidélité à leur ancien chef, d'être affranchis par son successeur et renoncent ainsi à leur carrière.

Les Mamelouks se répartissent dans des corps distincts selon leur chef. Le sultan forme les troupes d'élite tandis que les émirs se constituent des corps de Mamelouks de valeur moindre.

Ce système est très coûteux en raison des importantes pertes lors du voyage et de la nécessité de traiter avec les Byzantins et les Mongols. De plus, il faut trouver de nouveaux Mamelouks à chaque génération, car leurs enfants ne peuvent demeurer dans le corps des Mamelouks : nés musulmans et considérés comme « moins résistants » à cause de leur contact avec la société islamique, ils épousent des femmes autochtones et leur descendance se fond dans la société locale.

  • Organisation militaire : la furûsiyya
Le sultanat mamelouk dispose de la meilleure armée du monde islamique, et ce, grâce à la pratique de la furûsiyya. Il s'agit d'un ensemble de connaissances pratiques et théoriques liées au cheval : équitation, hypologie, médecine vétérinaire, art militaire, mais aussi les disciplines de la fauconnerie, de l’archerie, du maniement des armes, de la lutte, de la natation et du jeu d'échecs, tous considérés comme des arts militaires. La bravoure n'est pas mise en avant , mais la discipline.

On compte au Caire de nombreux hypodromes (sept au moins pour la période bahrite). Cependant, dès 1340, ils commencent à se dégrader et sont au milieu du XV° dans une situation désastreuse : la furûsiyya ne se pratique plus alors que dans la cour du palais. C’est d’ailleurs à cette période qu’arrivent les armes à feu, que les Mamelouks n’adoptent pas, contrairement aux Ottomans. Les hypodromes jouèrent un rôle essentiel en servant de lieu de réunion.

Les exercices de furûsiyya sont nombreux et comprennent des exercices à la lance ainsi que la pratique du polo, du kabak (décrit par Makrizi), du tir à l’arc, de l’escrime, du jeu de Birjas, du jeu de la masse d’arme, de la lutte, de la chasse, du tir à l’arbalète, des courses de chevaux, ...., chacun d'eux possédant un maître.

Les Mamelouks consomment d'autre part de la viande de cheval et du kumis (lait de jument fermenté), pratiques étrangères au monde arabe.

  • Organisation économique
Les Mamelouks pratiquent le commerce des épices avec les Européens par l’Océan Indien. Cette pratique est source de grande richesse jusqu’au contournement du Cap de Bonne Espérance par les Portugais provoquant la fin du monopole.
 
  • Histoire des mamelouks en Égypte
On divise en général le sultanat mamelouk en deux périodes :
 
  • La période bahrite (1250 – 1382)

En 1250, à la mort du sultan abbasside, les Mamelouks turcs kipchaks assassinent son hériter et fondent le 1er sultanat mamelouk. Ce sultanat est dit bahrite (de bahr, « le fleuve » parce qu'ils sont cantonnés dans une île sur le Nil). Le sac de Bagdad par les Mongols en 1258 aide la dynastie bahri à s'établir : elle détruit les Abbassides qui auraient pu vouloir reprendre Le Caire.

Son pouvoir est renforcé par leur victoire sur les Mongols (1261). Ainsi, les menaces extérieures diminuent considérablement et les incertitudes territoriales s'éteignent. La zone de contrôle des Mamelouks s'étend alors sur l’Égypte, la Syrie et l’Arabie (lieux saints) avec un protectorat mis en place au Yémen. Ils maîtrisent également un commerce florissant dans l’océan Indien par la mer Rouge.

Plusieurs tentatives pour instaurer une dynastie héréditaire échouent, étant contraires aux principes mamelouks.

Il est mis fin à la présence franque en Syrie (chute du dernier État franc : 1291).

La population égyptienne devient en majorité musulmane, en raison notamment des pressions exercées sur les Coptes telles que l'interdiction de certaines fêtes religieuses.

  • La période burjite (1382 – 1517)

En 1382, s'installe sur le trône le sultanat des Mamalouks Circassiens et Géorgiens, dits burjites (de burj, « citadelle », parce qu'ils sont cantonnés dans la citadelle du Caire). Vers 1400, ils chassent les Timurides (menés par Tamerlan) de Syrie. La peste précipite le renouvellement des Mamelouks et provoque un fort déclin économique (baisse du Trésor due à une baisse des revenus fonciers) en sus du drame humain. Le Caire est ruiné.

Les Mamelouks conquièrent Chypre en 1424–1426. Mais le commerce lui-même chute : en parvenant à faire le tour de l'Afrique, les Portugais mettent fin au monopole mamelouk sur les épices.

Vers 1485–1491, les Ottomans entrent en guerre contre les Mamelouks, tandis qu’un nouvel ennemi voit le jour en Iran, la dynastie safavide qui envahie la Syrie en 1516, alors que les Ottomans s'emparent du Caire.

  • Les Mamelouks après la conquête ottomane

Les Ottomans maintiennent des chefs mamelouks à des positions-clé en leur donnant le titre de beys. Ils se révolteront en 1766. Cette révolte est maîtrisée en 1777 par les Ottomans.

En 1798, Bonaparte écrase les Mamelouks lors de la campagne d'Egypte, à la bataille des Pyramides.

Dans une dépêche au Directoire, datée du 24 juillet au Caire, Bonaparte écrira: « Plus de quatre cents chameaux chargés de bagages, cinquante pièces d'artillerie sont tombés en notre pouvoir. J'évalue la perte des mamelouks à deux mille hommes de cavalerie d'élite... La cavalerie des mamelouks a montré une grande bravoure; ils défendaient leur fortune, et il n'y a pas un d'eux sur lequel nos soldats n'aient trouvé trois, quatre ou cinq cents louis d'or. Tout le luxe de ces gens-ci était dans leurs chevaux et leur armement; leurs maisons sont pitoyables.»

Quand les troupes françaises doivent se retirer en 1801, les Mamelouks ont à combattre à la fois les Ottomans et les Britanniques. En 1806, Méhémet Ali est nommé gouverneur d'Égypte par les Ottomans. Apprenant que les Mamelouks cherchent à l'assassiner, il fait massacrer leurs chefs le 1er Mars 1811 et pourchasse le reste des troupes. C'est la fin des Mamelouks d'Égypte.

Les Mameluks en France

Pendant la campagne d'Égypte menée par Bonaparte, une partie des Mamelouks se rallie à lui et le suit en France. Ils forment un escadron de la garde impériale et servent notamment en Belgique. Ils chargent la Garde russe à la bataille d'Austerlitz.

Présents parmi les troupes d'occupation françaises à Madrid au moment de la révolte de mai 1808, ils ont été une cause supplémentaire de la haine des Espagnols contre Napoléon, ceux-ci refusant d'être occupés par des combattants musulmans.

Après la chute du Premier Empire, ils sont dispersés. Nombre d'entre eux sont assassinés à Marseille pendant la Terreur blanche.

Les Mameluks dans l'Empire Ottoman

On peut comparer les Mamelouks aux Janissaires, corps d'esclaves au service des sultans ottomans. Les janissaires étaient recrutés parmi les populations chrétiennes des Balkans et convertis à l'Islam.

À l'intérieur de l'Empire Ottoman, les Mamelouks de Bagdad proclament leur indépendance au XVIII° et la conservent jusqu'en 1830.

Les Mameluks en Inde

En 1211, le commandant des forces mamelouks musulmanes en Inde s'autoproclame sultan de Delhi. La dynastie des esclaves demeurera jusqu'en 1290.

Exposition "Bonaparte et l'Egypte" - Institut du Monde Arabe (IMA)