La Régence d'Alger
   
 La Régence d'Alger fut créée en 1516 par les frères Barberousse qui en furent successivement roi et prit fin en 1830 à la capitulation d'Alger.
   
L'état corsaire  
   

Ils la définirent dès le départ comme un état corsaire, id est dont les revenus provenaient presque exclusivement des prises de course. Ils transformèrent un repaire de pirates en un port de guerre stucturé. Son organisation (Diwan, Janissaires, ...) fut copiée sur celle d'Istanbul.

En 1518, craignant des expéditions punitives espagnoles, Khaïr-ad-dîn demanda la protection de la Sublime Porte. Il reçut un renfort de 6.000 hommes dont 2.000 Janissaires et Sipahis et fut nommé Belerbey.
Après l'échec de Charles-Quint devant Alger en 1541, la renommée de la Régence d'Alger devint considérable. Seul Oran restait aux mains des espagnols.

Ainsi, Khaïr-ad-dîn avait-il les mains libres pour organiser la course en Méditerranée.

 
La course
 

Galiote barbaresque devant Alger par Mohamed Racim

Ses équipages de course ont d'abord été renforcés par les contingents de Maures expulsés d'Espagne en 1609 (El Andalous), puis par de nombreux esclaves convertis à l'Islam.

La plupart des capitaines corsaires (Raïs) étaient des renégats méditerranéens (calabrais, siciliens, grecs, espagnols, corses, ...) qui connaissaient parfaitement leur terrain de chasse.

Pirates et corsaires, s'ils ont quelques similitudes, sont deux types de prédateurs des mers en réalité bien distincts: le pirate est un acteur individuel "sans foi, ni loi", motivé par le seul appat du gain et dont les agissements sont unanimement condamnés, tandis que le corsaire est un acteur légal, reconnu et commissionné par les états dont les activités se nomment course ou corso et dont les enjeux mêlaient prétextes religieux, police des mers, guerre économique, ...

Au XVII°, ces équipages se renforcent de marins et capitaines hollandais. En effet la Cie Néerlandaise des Indes Orientales (VOC) décide pour faire face à une concurrence croissante des anglais et des français, de restructurer sa flotte de commerce. Elle désarme ses navires pour construire des Flûtes dont la manoeuvre demandait un équipage réduit, mettant ainsi à pied une grande partie de ses équipages.
Ce nouvel apport aura deux conséquences immédiates:
  • l'extension des raids sur les côtes atlantiques de la France et du sud de la Grande-Bretagne (Cornouailles, Devon, Dorset, ...) et jusqu'en Islande (1627).
  • La meilleure utilisation de l'artillerie embarquée et au niveau des mousquets, efficacité par l'adoption de platines européennes.

Les armes à feu

Cette course totale menée par les Régences va expliquer l'absence d'ateliers de fabrication au Maghreg ottoman. On n'y trouvera que des ateliers de transformation, de fabrication de fûts, de montage et de décoration.

Les armes à feu proviennent principalement :

  • de l'importation d'Europe du nord, des Balkans, mais aussi de Marseille et d'Italie.
  • des énormes quantités de prises de course (entre 1609 et 1616, soit en 7 ans, 466 navires anglais ont été saisis, sans compter ceux des autres nationalités).
  • des rançons - en argent pour les dignitaires - et en platines pour les autres (en 1701, un esclave anglais était racheté pour 100 platines).