Le motif du fond de page est le caractère Tifinagh Z ou AZA, symbôlisant depuis l'Antiquité les Imazighen (hommes libres ou Berbères) peuplant l'Afrique du nord dont le Tamazgha (Kabylie).

La Flissa (Flyssa ou Flissah) est l'arme séculaire d'un groupe de tribus berbères d'Algérie: les Kabyles . A partir du XVI°, les Turcs leur firent connaître le Yatagan. Et ces 2 armes perdurèrent jusqu'à leur disparition à la fin du XIX°. Une parenté existe entre elles: la Falcada des Ibères, issue de la Machaira grecque, elle-même héritière du Kopesh de l'ancienne Egypte.

Les Kabyles l'appellent Utagan, Atayan ou Ajennwi (de Gênes), réplique rustique du Yatagan des Balkans (Empire Ottoman de l'Est) monté localement à partir de lames importées (de Gênes) à la fabrication complexe (niellage, section en T, ...) ou de lames locales de moindre qualité.

"Grand sabre droit à pointe effilée et à double courbure du tranchant, fabriqué par la tribu des Iflissen I Bahr" est la définition communément admise. Le terme Flissa a été donné par les français par déformation d'Iflissen. Les Kabyles, quant à eux, semblent avoir utilisés Sekkim ou Iskin (couteau), et, selon Carette (Etude sur la Kabylie), le terme arabe Khedama.

Les centres de fabrication:

Le plus réputé est celui des Iflissen I Bahr (Iflissen de la mer) de Grande Kabylie installée entre Dellys et Azzefroun (Kabylie maritime). C'était l'une des 5 peuplades du Djurjura de l'antiquité.

D'autres, comme les Flisset-Behar et les Beni-Berbache, avaient des forges renommées, mais surtout dans le domaine des outils agricoles. Plus tard, les Beni-Yenni, maîtres dans l'artisanat des bijoux, copièrent les Flissa, sans atteindre la qualité des productions des Iflissen (surtout au niveau des pommeaux).

Les matériaux et techniques:

Le fer provient:

Pour augmenter l'aciérage du fer, il était placé dans des tinettes de terre cuite avec de l'eau, du sable et des herbes. Une fois rendues hermétiques, elles étaient mises en chauffe en bas-fourneaux ou fours catalans. Le fer-fort obtenu était battu, puis recuit à plusieurs reprises. Cette technique est dans son principe celle du iron-casting.

Le bois des fourreaux est en noyer fourni principalement par les Beni-Gratib (dechera des Beni-Soliman, vallée de la Soummam).

La décoration du Flissa:

Elle utilise 2 types de motifs pouvant parfois coexister sur la même arme:

La lame:

¤ Forme:

Les lames, de 30 jusqu'à 100 cm., présentent toutes les mêmes caractéristiques qui sont cependant plus apparentes à partir de 75 cm.

Le tranchant est à double courbure opposé à un dos rectiligne. Ce dos devient un contre-tranchant sur le dernier quart de la lame vers la pointe.

La section de la lame est donc triangulaire à partir de la poignée sur les 3/4 de sa longueur (partie proximale destinée à la taille), puis losangique sur le dernier quart (partie distale destinée à l'estoc). La plus grande largeur se situe au point de rencontre proximale-distale. Le dos est assez épais (7 à 10 mm. dans la partie proximale).

¤ Décoration:

Le dos découpé en 2 registres: à partir du contre-tranchant, une gravure de type linéaire, puis débordant sur la partie massive de la fusée, une gravure plus élaborée de cuivre regravé.

Sur chaque face, près du dos, un long registre décoré selon 2 techniques: par gravures et évidements du fer au ciseau et par incrustations de cuivre surfacées et regravées.

Le talon à décoration triangulaire, en croissant ou en disque. Cette décoration n'est pas sans rappeler celle des Yatagan (Pour H. Aucapitaine, elle serait une marque de tribu). Cette décoration du talon est effectuée sur une partie de la lame présentant des traces de limage perpendiculaires au dos (le reste de la lame ayant un fil parallèle au dos).

 

La poignée:

¤ Construction:

Sans garde, elle est constituée d'une fusée forgée avec la lame et comprenant une partie massive octogonale (irrégulière) et une lamelle sur laquelle 2 plaquettes de bois sont rivées et plaquées de cuivre gravé.

Le pommeau a la forme d'une tête d'animal (chimère, chien ou oiseau pour G. Marçais qui établit un lien avec les pommeaux en tête d'aigle des épées romaines).

¤ Décoration:

La partie massive est traitée par incrustations regravées (comme la lame) , alors que les plaques de cuivre, plus malléables, sont incisées ou gravées en repoussé.

Le fourreau:

Il est en noyer formé de 2 parties liées par des bracelets de fer, cuivre ou argent maintenus en place par poinçonnage. La face externe est décorée de gravures et comporte un ou deux pontets d'attache (selon la longueur de l'arme) dans lesquels passe une bandoulière pour le port à gauche du Flissa. La face externe offre, entre les bracelets, des registres de décorations différentes




BIBLIOGRAPHIE
  • Lacoste C. - "Sabres Kabyles" - Etude des Flissa du Musée de l'Homme - CNRS - paru dans le Journal de la Société des Africanistes, t. XXVIII, 1958.
  • Camps G. - "Encyclopédie Berbère" - Tome XIX - Edisud
  • Aucapitaine, baron Henri - "Le pays et la société kabyles" - Expédition de 1857 - Paris, A. Bertrant, 1857
  • Stone G.C. - "A glossary of the construction, decoration and use of arms and armour ...." - Dover 1999.
  • Différents sites dont: www.kabyle.com , ...
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