Le Maghreb ottoman
 

 

Il est constitué d'une partie des territoires actuels de l'Algérie, de la Tunisie et de la Lybie (Tripolitaine).

La domination ottomane y dura un peu plus de 3 siècles à partir du XVI°.Les principales villes côtières y étaient gardées par des contingents de Janissaires recrutés en Anatolie et dans les Balkans, principalement l'Albanie.

Parallèlement, ces ports s'orientèrent vers la course. Ainsi, Alger fut transformée par Ker-Eddine (Barberousse) en état corsaire dont l'activité ne cessera qu'en 1830 avec le débarquement des Français.

 

Les Régences barbaresques

Elles apparurent chronologiquement:
 
  • Alger en 1516
  • Tripoli en 1551
  • Tunis en 1570
Leur évolution est assez semblable et peut se décomposer ainsi:
 
  • le XVI° marqué par la confrontation entre l'Espagne de Charles-Quint et l'Empire ottoman de Soleiman le Magnifique pour la conquête des ports et de la Méditerranée.
  • le XVII° qui vit une émancipation de ces Régences vis-à-vis de la tutelle ottomane ainsi que le paroxysme de leurs activités corsaires.
  • le XVIII° qui les vit se transformer en républiques indépendantes avec une sujetion légère à la Porte ottomane ainsi qu'une réduction des activités corsaires, sauf à Alger.
  • les XIX° et XX° qui virent l'extinction des Régences par la domination coloniale:
  • Alger par les français en 1830
  • Tunis de même en 1881
  • Tripoli en 1911 par les italiens
L'ancienne frontière du Maghreb ottoman indique nettement le type d'armes à feu utilisé:
 
  • Les 3 Régences ont subi logiquement les influences turco-balkaniques, en particulier dans les centres urbains.
  • Le Maroc qui ne fit jamais partie de l'empire ottoman, a essentiellement subi les influences européennes
 
Les frères Barberousse
 
Ces deux célèbres corsaires dont les noms étaient Aroudj et Khaïr-ad-dîn fondèrent la principauté de la Régence d'Alger. 
 
Aroudj

Né à Mola, dans l'île de Mételin, vers 1473, Aroudj était le fils d'un pauvre potier des Balkans (Albanie). Embarqué à l'âge de vingt ans sur un corsaire turc, il ne tarda pas à se distinguer par une rare énergie et une très vive intelligence. Il obtint bientôt le commandement de deux galiotes et assisté de ses deux frères, Khaïr-ad-dîn et Ishaq, il se rendit sur les côtes de Tunisie (1505) où, fort de l'appui du souverain de Tunis qui l'autorisa à déposer le produit de ses prises d'abord à l'île de Djerba, puis à la Goulette, il ravagea les côtes de la Sicile et de la Calabre et étendit peu à peu ses incursions sur tout le littoral de la Méditerranée septentrionale.

Le corsaire, pour se créer un véritable royaume indépendant, céda aux sollicitations des petits princes algériens qui lui demandèrent assistance pour chasser les Espagnols possédant déjà quelques points de la côte. Il tenta ainsi sans succès à deux reprises de reprendre Bougie aux Espagnols.
 
En 1514, Aroudj réussit à enlever aux Génois la petite ville de Djidjelli qui devint alors le centre de ses opérations. Les Espagnols, dans le but d'empêcher le développement de la piraterie dans ces parages, avaient bâti la forteresse de Peñon sur un îlot devant Alger.
En 1516, Aroudj assassina le Prince d'Alger et se fit proclamer roi. Une expédition punitive espagnole échoua, de même qu'une tentative du roi de Ténés. En représailles, Aroudj prit alors Ténés, puis Tlemcen où il fut assiégé par le gouverneur espagnol d'Oran. Il périt en 1548 les armes à la main.
 

Khaïr-ad-dîn

Khaïr-ad-dîn ou Khizr , apprenant la mort de son frère Aroudj, se fit reconnaître comme souverein d'Alger. Il s'adressa au sultan d'Istanbul, lui demandant protection et promettant en retour de lui payer tribut. Selim 1er accepta l'hommage qui lui était fait du nouvel État d'Alger et envoya à son nouveau vassal une armée de 2000 Turcs. Grâce à cet appui et au concours des indigènes algériens, Khaïr-ad-dîn put développer la piraterie. Un nouvel échec de la flotte espagnole dans son expédition contre Alger, donna un élan à son audace. Khaïr-ad-dîn s'empara ensuite de Collo, Constantine et Bône.

En 1529, il s'empara près des Baléares d'une escadre espagnole. L'année suivante, il emporta d'assaut le Peñon d'Alger qu'il fit complètement raser pour construire la jetée qui relie encore aujourd'hui l'îlot à la terre ferme. En 1532, Khaï-ad-dîn fit la conquête de Tunis avec des renforts de I8.000 Turcs dépéchés par le sultan Soliman . Il en fut chassé par Charles-Quint en 1535. 
 

Le sultan, qui appréciait à sa juste valeur les hautes qualités de marin de Khaïr-ad-dîn, le nomma grand amiral de ses flottes (1536). Il prit part à la guerre qui avait éclaté entre les Turcs et les Vénitiens. Ses succès en 1539 (Castelnovo en Dalmatie et de Cattaro (Kotor) qui appartenaient aux Vénitiens) contraignirent ceux-ci à demander la paix. 

Khaïr-ad-dîn reprit la mer en 1543 pour aller assister François 1er dans sa lutte contre Charles-Quint. Il saccagea les côtes de la Calabre et de Naples et s'empara de Villefranche, puis mit le siège devant Nice, mais dût se retirer face à une forte armée espagnole . Il conduisit alors sa flotte à Toulon où il resta jusqu'à la conclusion de la paix entre François Ier et Charles-Quint en 1544. Il mourut en 1556 à Istanbul, âgé d'environ soixante-six ans. Il repose dans un magnifique mausolée voisin d'une grande mosquée qu'il avait fait construire à ses frais à Buyukdéré sur le Bosphore.