Les Balkans
           

 
Les Balkans sont constitués de chaînes montagneuses du nord au sud le long de l'Adriatique et d'est en ouest jusquà la mer Noire et la mer Egée. Ces chaînes sont entrecoupées de vallées étroites, sauf au nord où s'ouvrent les vastes plaines du Danube (Hongrie, Serbie septentrionale et Roumanie orientale). Cette géographie n'a pas facilité l'occupation ottomane.
 

Les Balkans ottomans regroupent une ensemble de régions: Croatie, Bosnie-Herzégovine, Serbie, Bulgarie, Monténégro, Macédoine, Albanie et Grèce (ex-Morée et Thrace).

Cette grande diversité ethnique et cette géographie ingrate vont expliquer:

¤ un fort individualisme qui va privilègier des armes à feu de précision (légèreté, petit calibre de 15 mm. et canons longs).

¤ une grande tradition guerrière et mercenaire (Thrace, Croatie, Dalmatie, Monténégro, ...) qui les placera du côté des véniciens (Stradiots: corps irrégulier de cavalerie formé de grecs et de croates) ou des ottomans (Bashi Bazouks: corps d'irréguliers albanais et monténégrins).

¤ une extraordinaire variété de formes et de décoration des mousquets.

¤ une profusion de petits centres de manufacture et d'assemblage dès l'apparition des armes à feu au XV°. Ils étaient approvisionnés par l'Italie et en particulier, par Venise avec son centre de Gardone (le plus important de l'Europe du Sud) qui exportait canons et platines vers les Balkans, le Maghreb, la Turquie, .... jusqu'à la Perse, et ce, du XV° jusqu'au milieu du XIX°.

ci-contre le chef Bashi Bazouk

Les Balkans ottomans

¤ les ottomans assureront difficilement leur autorité sur les régions montagneuses où ils ne pouvaient engager de cavalerie.

¤ Dans ces mêmes régions, ainsi qu'en Hongrie, ils auront à faire face à une féroce résistance.

¤ Ils mèneront une politique d'islamisation forcée.

¤ Ils engageront des corps d'irréguliers Bashi Bazouks payés à la campagne ou se payant par les pillages.

¤ Ayant besoin de soldats, ils pratiqueront des recrutements en guise d'impôt.

L’Etat ottoman s’étant étendu très rapidement, a très vite manqué de personnel. Pour y remédier, il adopta la levée des enfants de ses sujets chrétiens en guise d’impôt (succédant ainsi à une taxe appelée « pencik » consistant à prélever un prisonnier de guerre sur cinq pour l’armée). Les recrues étaient des enfants de 6 et 16 ans en bonne santé, de taille moyenne et ne parlant pas turc. Ils étaient acheminés vers Istanbul pour être examinés par des experts qui, se basant sur leurs caractéristiques physiques, proposaient une affectation. On peut estimer à environ 60 % les enfants qui devenaient esclaves, à 30 % ceux qui devenaient Janissaire et à 10 % ceux qui aboutissaient au palais.

¤ Leur besoins en armes étant très forte, ils mobiliseront les centres de production et leur imposeront un strict cahier des charges pour unifier les normes de qualité de fabrication des armes.

   

Bulgarie

Centres de production
  • Sofia, Nokopol, Sliven, Gabrovo et Vidin spécialisés dans la fabrication des pièces.
  • Plovdiv pour l'assemblage, l'un des 3 centres-clè ottomans avec Istanbul et Bursa (Anatolie).
Deux types de fusils:
 
  • BOYLIYA à fût de bois habituellement décoré de petites plaques de nacre et platine à la Morlaque carénée. Très proche du Tüfek quoique moins lourd.
  • SHISHANE identique aux Tüfek produits à Istamboul ou à Bursa, donc, une forme plus lourde que le BOYLIYA avec une platine à la Morlaque non carénée. Décoré de nacre, d'os, d'argent ou de cuivre, il avait une crosse en 2 parties dont une plaque de couche large.

ci-dessous type Shishane, très proche du Boyliya

Albanie

 
Dès le début , elle a fabriqué des armes à feu dans une profusion de petits ateliers en important les pièces de Venise. Elle est devenue un très important centre de manufacture aux XVIII° et XIX°. On y fabriquait des fusils et pistolets à pierre de grande élégance, légèrs, à canons longs,.... l'antipode du Tufek.
 
  • TANCHIKA ou TANTCHITSA à l'élégante courbe avec plaque de couche en queue de poisson. Le fût est en métal ou en bois recouvert de métal (fer, argent ou cuivre). La platine est à la Morlaque, mais parfois aussi à silex ou à percussion.

  • RASAK à crosse relevée se terminant en queue de poisson. Le fût est en tout ou partie recouvert de métal. La platine est identique à celle du TANTCHIKA. Le canon est habituellement rayé.

  • pistolet QUEUE DE RAT (Rattail)

 

Rumélie (Thrace et sud de la Bulgarie)

  • RUMELIAN à crosse plus conventionnelle et platine à la Morlaque ou à silex.

    Section de crosse à 4 faces

    Canon à âme lisse ou rayée

   

Bosnie-Herzégovine et Monténégro

Grande tradition d'artisanat des armes à feu avec des centres réputés tel Kotor, Skadar et Prizren.
  • DZEFERDAR à crosse courbe très décorée d'argent et de nacre avec platine à la Morlaque et canon à âme lisse.