LES ARMES DE LA CONQUETE

 
A côté de la grande variété des splendides armes blanches, se développérent les armes à feu.
C'est à partir du milieu du XIII° que les turcs connurent la formule de la poudre des arabes sous le terme de Baroud ou Barut.
Il fallut cependant attendre le début du XV° pour une utilisation militaire importante.
   
  • LES CANONS DU GRAND TURC
L'artillerie connut un développement rapide sous le règne de Soleiman, dénommé le Magnifique ou Le Grand Turc par les Européens. Sa réputation d'efficacité la faisait craindre de tous car elle était la plus puissante des artilleries du monde connu.
 
  • En 1453, chute de Constantinople après un pilonnage intensif (plus de 20.000 projectiles) de 40 jours par 69 canons.
  • En 1522, siège de Rhodes avec une centaine de canons.
  • En 1529, siège de Vienne par Soleiman le Magnifique avec 300 canons.
  • LE TUFEK OTTOMAN
Les armes portatives se développérent dès le début du XV° sous le nom de TUFEK ou TUFENK à mèche dont la diffusion fut rapide en Asie centrale tout au long du XV° pour atteindre l'Inde à partir du XVI°.
Le terme signifie TUBE et est dérivé du mot TUWENK apparu au XI° pour désigner une sarbacane utilisée pour la chasse aux petits oiseaux.
 
Pendant les premières années, les armes à feu étaient des tüfenk, tüfek ou zabtanah, venant de mots perses médiévaux désignant la sarbacane. Les armes à mèche ottomanes étaient plus longues et avaient un calibre plus gros que celui des armes employées en Occident. Les plus grandes, celles d’Alger, pouvaient tirer une balle pleine de 80 g et les plus légères, celles de Grèce, une balle de 22 g. Le système de mise à feu à l’aide d’un silex fut probablement inventé en Allemagne au début du XVI°, mais il n’était pas fiable dans les conditions poussiéreuses propres aux Proche et Moyen-Orient. En conséquence, les ottomans lui préférèrent les armes à système à mèche, plus robustes et plus longues que celles utilisées dans le reste de l’Europe. Puis, au cours du XVII°, un système de mise à feu par silex simple et facile à nettoyer comme le miquelet en provenance d’Italie et d’Espagne fut introduit par l’Afrique du Nord.
   

Il fut dès le départ décliné en plusieurs versions:

¤ le TUFEK de marine, arme lourde montée sur platine de plabord.

¤ le TUFEK de rempart, arme lourde utilisée avec une espingole.

¤ le TUFEK de fantassin équipant les corps d'élite Janissaires.

Musée Topkapi

   
Principales caractéristiques:

¤ Fût massif en bois courrant jusqu'à la bouche du canon.

¤ Crosse épaisse de section polygonale (4 à 6 pans) avec une forte plaque de couche.

¤ Cassure nette (circa angle droit) au niveau de la culasse.

¤ Détente le plus souvent sans pontet (tigelle).

¤ Liaison au canon par quelques capucines.

¤ Systéme de mise à feu:

  • soit par un mécanisme à mèche dont le serpentin et les ressorts étaient encastrés dans le bois (contrairement aux modèles européens montés sur platine) et qui survivra jusqu'au XVIII°.

  • soit par une platine à la Miquelet importée d'Europe méridionale, puis modifiée pour devenir la Morlaque ou Tchakmak fabriquée localement . Ce système fut utilisé du XVII° au début du XX°.

En résumé, une arme lourde, massive et frustre en version de guerre, plus fine en version civile dans laquelle on trouvera une profusion et une richesse extrèmes des décorations.