Hors influence ottomane
LE MAROC
 
 
Le Maroc, demeuré en dehors des limites de l'Empire ottoman, disposait dès le début du XVI° d'une armée équipée de canons et d'arquebuses utilisés au siège de Malte en 1562 et contre les portuguais en 1578.
 
Les importations d'armes à feu
   
Dès le début du XVI°, la côte atlantique du Maroc vit s'installer une chaîne d'usines portuguaises (Feitoria) de Tanger à Agadir d'où se fit le commerce, en particulier, des armes à feu.
Dès la fin du XVI°, ce commerce s'intensifia avec l'Europe du nord.
Au XVII°, les armuriers marocains adoptèrent les formes des mousquets hollandais et anglais.
L'Angleterre, la Hollande et la France livraient de grandes quantités de pièces et d'armes montées, alors que la poudre venait d'Italie.
Au XIX°, démarrent les importations de Liège.
En dehors de ce commerce , l'approvisionnement provenait aussi de l'enclave barbaresque de Salé qui écoulait des armes de prise.
   
La fabrication marocaine
 
Les fonderies de canons en bronze étaient installées à Fez, à Marrakech et à Taroudant.
Pour les armes portatives (blanches et à feu), c'était Targist, Fèz et surtout Tétouan - centre réputé pendant plusieurs siècles jusqu'en 1920.
 
La profession était organisée en 3 filières d'artisans:
 
  • La fabrication des canons (dja'ibi) à partir de rondins d'acier doux importés d'Europe par des commerçants musulmans et juifs.

On façonnait alors des canons de 1 à 1,80 M. ainsi que ceux de 0,80 m. pour les pistolets, soit amincis avec tulipage, soit renforcés de bagues de fer (hazem). Cette production était revendue à la filière suivante.

 
  • La fabrication des platines (znaidi) à la Chenapan: platine hollandaise à double bassinet. Elles pouvaient être de 2 types:.
  • La platine à silex (Bou Chfer) de type Chenapan équipant la majorité des armes à feu.

  • La platine à percussion (Bou Haba) très peu utilisée en raison du prix des amorces.

Certaines platines de haute qualité étaient magnifiques avec une finition en acier bleui ou bronzé brun ou or, avec une finition en filigranes d'argent, damasquinées, ...

 
  • La fabrication des fûts en bois dur noirci ou foncé, habituellement du noyer de Goundafa.
  • La décoration pouvait être splendide. Elle était principalement réalisée par des artisans juifs qui pratiquaient le niellage, la damasquine à l'argent ou à l'or et les inclusions d'os de chameau, de nacre ou d'ivoire du Soudan, de pièces de monnaie locales ou espagnoles (zabil). Chaque artisan avait son décor particulier reconnu par les amateurs.
 

¤ Les Moukhala marocains du sud

 
Ils ont une crosse mince et légère décorée d’incrustations d’ivoire ou d’os. Certaines crosses sont renforcées par des armatures de cuivre, d’argent ou de fer ajourés et portent des ornements sous forme de médaillons émaillés ou nickelés, rehaussés de cabochons de pierres semi-précieuses ou de verre coloré. Plusieurs bagues ou capucines en argent, fer ou cuivre enserrent le fût du canon.

Ils sont facilement reconnaissables à leur forte liaison canon-fût constituée par une large bande de fer soudée située à la hauteur du tonnerre en avant de la platine vers la bouche.

   
  • type AFEDALI de la région de Taroudant et de la vallée de l'oued Souss.

    • crosse renforcée par un cadre de métal enchassant de larges plaques d'os de chameau ou d'ivoire.

    • fréquentes inclusions de motifs en os de chameau ou de clous de fer ou laiton.

    • évidement à l'arrière de la platine pour le pouce.

  • type TAOUZILT de Ras-El-Oued et de la haute vallée de l'oued Souss

caractérisé par sa crosse totalement recouverte de plaques d'argent engravées et de clous en argent.

Ce splendide travail est exécuté par les descendants des juifs expulsés d'Espagne en 1609.

  • type ALTIT de l'anti-Atlas à la crosse courbée en os ou ivoire pris dans un cadre de métal.

¤ Le Moukhala marocain du nord

Il a une crosse large, épaisse et robuste.

  • type de TETOUAN et du Riff

caractérisé par un fût en noyer très foncé et une crosse souvent décorés de fils d'argent ou d'or.

Là encore, travail délicat des descendants des juifs de retour d'Espagne.

Voir annexe: La Fantasia