Les influences ottomanes
L'INDE

 

   
Au XIV°, l'armée de Timour (Tamerlan) se heurta à une défense indienne utilisant des grenades, des roquettes (qui restèrent en usage jusqu'au XIX°, en particulier à Mysore) et des flèches incendiaires.

Au milieu du XIV°, les relations commerciales avec l'Egypte, la Perse et surtout la Turquie permirent l'introduction de la bombarde au Deccan et sa diffusion au XV° par l'installation de fonderies avec l'assistance des turcs . La matière première ne manquait pas (fer) et l'excellence acquise dans la fabrication des armes blanches a pleinement joué pour celle des armes à feu. L'énorme gisement de salpêtre naturel (du Bengale en particulier) et celui de sulfure permettait d'obtenir une poudre de qualité.

Les premières arquebuses indiennes apparaissent à cette époque et sont dénommées TOREDAR.

Les portuguais

Au début du XVI°, les portuguais s'emparent de Calicut, très mal défendu par son artillerie (peu de pièces de piètre qualité et mal servies). Les indiens comprirent la leçon et engagèrent des maître-fondeurs étrangers (principalement italiens). De leur côté, les portuguais installèrent à Goa un complexe important d'arsenaux et de fonderies servies par une habile main-d'oeuvre locale. De même, ils importèrent d'Allemagne les lots d'arquebuses.

L'Inde moghule (1526-1739)

L'armée moghule de Babour était équipée de canons et d'arquebuses. Il réduisit Kaboul en 1519 et envahit l'Hindoustan en 1526. Son descendant, l'empereur Akbar (1556-1605) montra une très vive passion pour les armes à feu. Il participait en personne à la mise au point des canons et décidait de leur décoration. Il se montra novateur dans le domaine des armes à feu portatives (mise au point d'arquebuses à 6 canons et recherche sur les platines.....). En bref, il favorisa le développement de cette activité chez les indiens (apogée au XVII°).

Cette période moghule prit fin en 1739 avec la mise à sac de Delhi par le perse Nadir Shah.

Les hollandais

La Dutch East India Company (VOC) fondée en 1602, se heurta rapidement aux portuguais dont ils conquirent une partie des forts et en construisirent d'autres abritant des armureries et des fonderies avec une main-d'oeuvre de qualité encadrée par des européens expérimentés (Batavia, Coromandel, Ceylan, ...). Dès le début du XVII°, ils importérent pistolets et mousquets.

Les anglais

L'Honourable East India Company (HEIC) commença ses activités en Inde dès le début du XVII°. Il fallut attendre 1665 pour une première livraison de mousquets à Madras. Très vite, elle entra en conflit d'intérêt avec les comptoirs français de Pondichery, ...

En 1698, l'English East India Company (EEIC) fut créée pour rivaliser avec la HEIC.

La fusion des 2 rivales en United East India Company (VEIC) accrut encore la prédominance commerciale anglaise au XVIII°. Une armée mise sur pied par la VEIC était chargée de protéger le pactole.

Les activités de cette armée cesseront à la nomination de Victoria comme Impératrice des Indes en 1858 (réorganisiton de l'armée indienne).

Le XIX° verra un certain nombre de fabricants de fusils anglais installer des antennes commerciales en Inde en concurrençant directement la VEIC.

 
¤ LE TOREDAR  
   
Introduit au cours du XV° et diffusé sous les empereurs moghuls au cours du XVI° sous le nom de BANDUQ et TUFANG (pratiquement identique au TUFEK), il est plus connu sous le nom de TOREDAR (TORA = mèche en fibre d'herbe à éléphant).

Il s'est répandu dans tout le sous-continent en gardant ses caractéristiques d'origine, seule variant sa décoration en fonction des régions. Il a coexisté avec les armes européennes importées ou fabriquées localement (offrant peu d'intérêt ici, même si certaines ont été "indianisées" par leur décoration).

Le TOREDAR a peu évolué dans le temps, il a conservé:

  • sa cassure caractéristique des TUFEK
  • son mécanisme à mèche coffré
  • son canon à bouche tulipée
  • sa crosse étroite et polygonale d'inspiration persane.

En ce qui concerne son efficacité, il faisait bonne figure face aux Brown Bess anglais et autres importations. Son temps de rechargement était plus long que celui des fusils anglais, mais cela était compensé par la dextérité des fusiliers indiens. Par contre, une fois chargé, il surclassait son rival en précision et distance atteinte (comme le Djezaïl).

Tout comme le Tufek, il a été décliné en différentes versions (lourd mousquet de rempart sur affut ou équipant les tourelles des éléphants de combat, mousquet d'infanterie plus ou moins long, ...)

ci-dessous : un TOREDAR à crosse ronde et platine à silex.

Sa décoration par inclusions de nacre est très proche de celle du mousquet de type indo-arabe ci-dessous.

 

¤ L'INDO-ARABE DE L'INDE DU SUD
   

Les relations commerciales entre la Péninsule arabique et la côte de Malabar existent depuis 2.000 AJC. Ceci explique la forte implantation des arabes ainsi que la forte islamisation de l'Inde du sud.

Les mousquets des arabes furent recopiés par les excellents artisans indiens. Ceci donna le type Indo-Arabe qu'on retrouve sur les deux territoires, la décoration étant un peu différente par les matériaux..

3 mousquets COORG - Côte de Malabar:

le premier a une curieuse crosse courte avec platine à silex.

le second est un mousquet de type indo-arabe à mèche avec sa crosse arrondie.

le troisième est un mousquet de type indo-arabe fabriqué en Inde du sud sur le modèle de l'Aboufitila de la Péninsule arabique. Sa décoration est plus chargée: plaques et capucines en argent, incrustations de nacre et amortisseur en bois noirci avec nacre et filets d'argent..